« Syngué Sabour Pierre de Patience » – Atiq Rahimi

Syngué Sabour Pierre de PatienceUn drame et une tragédie au sens classique respectant les trois unités, de temps, d’action, de lieu
Une femme veille son mari grièvement blessé dans la chambre de leur pauvre maison, il est dans le coma, il a reçu une balle dans la nuque, à l’occasion d’une bagarre avec les soldats de son unité. C’est un moudjahidin, ou un intégriste musulman. On suppose que l’histoire se passe en Afghanistan, les combats font rage au dehors, la maison tremble sous les balles et les bombes

Les femmes n’ont pas le droit à la parole, elles épousent celui qu’on leur donne…Aussi cette femme encore jeune profite du silence de son mari pour lui révéler ce qu’elle n’a jamais pu lui dire,  ses attentes, ses humiliations, sa condition, sa nuit de noce trois ans après le mariage…. L’homme est devenu son exutoire, la pierre magique, la Syngué Sabour, qui lui permet de déverser sa colère de libérer sa parole! Plusieurs jours de monologue de cette femme rythmés par les changements de perfusions et le chapelet que l’imam lui demande de dire sans relâche, l’irruption des combattants dans la maison….un monologue interrompu par les combats, par l’hypocrisie de ces hommes, amis ou ennemis, on l’ignore, ils se ressemblent tant….imposant la fidélité aux femmes, rejetant les prostituées mais….tellement hypocrites et contents d’en trouver pour découvrir en cachette le plaisir…

Un roman sur la condition des femmes soumises à cet islam intégriste et guerrier et aux tabous et interdits  religieux
Je relirai sans aucun doute les 170 pages de « Syngué Sabour Pierre de Patience »

 Connaitre Atiq Rahimi


Extraits
  • « C’est tellement facile de dire qu’il faut réciter quatre vingt dix neuf fois par jour l’un des quatre vingt dix neuf noms de Dieu et cela pendant quatre vingt dix neuf jours! Mais ce fretin de mollah ne sait pas ce que c’est d’être seule avec un homme qui…… D’être toute seule avec deux petites filles  » (P. 22)
  • « Et toi tu savais que tu avais une femme et deux filles…..est-ce que tu pensais un moment à nous lorsque tu épaulais ta putain de Kalachnikov? Fils de… » (P. 27)
  • « Être fiancée pendant presque un an et mariée pendant trois ans à un homme absent, ce n’est pas évident! Je vivais avec ton nom. Je ne t’avais même pas vu, entendu, touché auparavant. J’avais peur peur de tout, de toi, du lit, du sang. Mais en même temps c’était une peur que j’aimais. » (P. 43)
  • « Cela fait plus de 10 ans que nous nous sommes mariés, mais nous n’avons vécu ensemble que deux ou trois ans » (P. 68)
  • « Il ne faut jamais compter sur celui qui connaît le plaisir des armes » (P. 71)
  • « Vous les hommes quand vous avez des armes vous oubliez vos femmes » (P. 72)
  • « Mon père ce qui l’intéressait c’était ses cailles, ses cailles de combat. Je le voyais souvent embrasser ses cailles, mais jamais ma mère ni nous ses enfants. Nous étions sept. Sept filles sans affection. »(P. 72)
  • « En fait ce qui me libérait, c’était d’avoir parlé de cette histoire, l’histoire de la caille. Le fait de tout dire. Tout te dire à toi. Là, je me suis aperçue, qu’en fait depuis que tu étais malade, depuis que je te parlais, que je m’énervais contre toi, que je t’insultais, que je disais tout ce que j’avais gardé sur le cœur. Et que toi tu ne pouvais rien me répondre, que tu ne pouvais rien faire contre moi…tout ça me réconfortait, m’apaisait » (P. 85)
  • « Syngué Sabour! Pierre de patience! La pierre magique! …oui tu es ma Syngué Sabour….je vais tout te dire, tout. Jusqu’à ce que je me délivre de mes souffrances, de mes malheurs, jusqu’à ce que toi tu… » (P. 91)
  • « Tu es seule….Non…Allah est avec moi » (P. 94)
  • « Pour les hommes comme lui, baiser, violer une pute n’est pas un exploit. Mettre sa saleté dans un trou qui a déjà servi avant lui des centaines de fois ne procure aucune fierté virile…..les hommes comme lui ont peur des putes. Et tu sais pourquoi? Je vais te le dire…en baisant une pute, vous ne dominez plus son corps. Vous êtes dans l’échange. Vous lui donnez de l’argent, elle vous donne du plaisir. et je peux vous le dire, souvent c’est elle qui vous domine. C’est elle qui vous baise….donc violer une pute ce n’est pas un viol. Mais voler la virginité d’une fille, violer l’honneur d’une femme! Voila votre credo.. » (P.99)
  • « Ceux qui ne savent pas faire l’amour font la guerre » (P. 122)
  • « Même quand je te voyais, toi, être le seul à jouir, ça ne me déplaisait pas du tout. Au contraire je m’en réjouissais. Je me disais que c’était cela notre nature. C’était celà notre différence. Vous les hommes vous jouissez et nous les femmes nous nous en réjouissons. Cela me suffisait. Et c’était à moi toute seule de me donner du plaisir en me…touchant. » (P. 123)

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